Portrait de GONG Xiangtao, alias Taozi, alias Mademoiselle Pêche. En octobre 2009 elle ouvre enfin sa propre maison de thé à Beijing. |
Tous les visiteurs de Beijing viennent admirer le grandiose temple du Ciel, Tian Tan, mais connaissent moins son plus petit pendant situé non loin à l’ouest, appelé aussi le temple de l’Agriculteur céleste, XianNong Tan. C’est là que Taozi a réalisé son rêve d’ouvrir «la Maison de Thé de l’Agriculteur Impérial» ! Ces quelques pièces en enfilade complétées d’un petit jardin intérieur, situées à gauche de l’entrée du temple, étaient jadis le logement des gardes impériaux du lieu. |
Pour se présenter à ces examens qui sont passés sous le contrôle du Ministère du Travail il faut justifier d’au moins 5 années de pratique professionnelle et posséder d’importantes connaissances théoriques. Elle-même avait déjà travaillé 10 ans dans le thé, ayant commencé dans l’usine de thé de son père à 14 ans.
Quand je lui ai rendu visite pour la première fois, la maison de thé n’était pas encore ouverte. Il n’y avait aucune lumière à l’extérieur et seuls les amis étaient admis pour déguster sur place et partager l’attente de Taozi, l’encourager et lui soutenir le moral pendant cet interminable processus administratif. Choisir de s’installer dans un endroit aussi particulier, chargé d’histoire et faisant partie d’un monument ancien, était un vrai défi ! D’où l’immense joie quand le dernier document dûment tamponné est enfin arrivé. Se considérant investie d’une vraie mission visant à mettre en valeur les meilleurs thés de son pays, Taozi avait déjà préparé toute une carte proposant les thés les plus renommés des principales catégories, notamment thés verts, thés oolong, thés noirs, thés sombres et thés Pu’er. |
Cela est tout à fait valable pour une première expérience et une découverte des lieux.
Depuis une dizaine d’années, et en suivant la libéralisation progressive de l’économie du thé et la promotion officielle des thés anciens de grande renommée, beaucoup de Chinois redécouvrent leurs traditions et s’intéressent à nouveau vivement à ce patrimoine tout à fait exceptionnel qui avait été totalement occulté pendant la période de la révolution culturelle.
Comme ses diplômes permettent à Taozi d’enseigner le thé et sa tradition culturelle, historique et gastronomique elle a mis au point une série de sessions d’initiation à la dégustation avec une suite de 4 ou 5 thés sélectionnés par elle selon différents critères. Cela se fait en groupe ou pour une seule personne, dans une des 4 salles privées et il en coûte à partir de 1 100 yuan soit environ 120 € par personne. Ce prix comprend aussi son enseignement puisqu’elle prépare, explique et commente tout au long des quelques heures qu’il faut prévoir.
J’ai eu le bonheur d’être invitée à une telle session par un ami journaliste de «China Daily» comme premier étranger, ensemble avec quelques uns de ses collègues et des photographes, tous amateurs de thé et venus pour féliciter la maîtresse des lieux.
Pour résumer cette soirée incroyable je dirais que nous avons passé 4 heures à déguster 3 thés, dont le dernier avait été apporté comme cadeau : une petite poignée agglomérée de couleur très foncée, partie d’un trésor acquis aux enchères et qui intriguait toutes les personnes présentes. Taozi a tout d’abord passé de longues minutes à défaire tout doucement l’enchevêtrement des particules avec un fin outil pointu et déclarait alors «je ne voudrais pas savoir le prix payé pour ce morceau de thé, il doit être très élevé !! Il s’agit d’un Hunan Anhua Tianjian qui a au moins 50 ans d’âge, quelle merveille ». Puis elle a infusé ce thé 20 fois et donc chacun de nous a pu ainsi déguster 20 petites coupes.
Note : Les photographies de cet article nous ont été aimablement fournies par YE Jun.