Elle aime la Chine et ses thés, l’art et le design et méne ainsi "trois vies en un". |
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Il y a longtemps, quand l’université du Thé avait ouvert ses portes à l’IESA en 1991 que des amis me demandaient avec insistance de venir aux cours, car c’était là que l’on pouvait écouter Katrin parler de son long séjour en Chine et de ses nombreux voyages dans les différentes provinces où l’on cultivait le thé. Toutefois nous avons attendu encore de longues années avant de nous rencontrer. Finalement, c’est au cours d’un très beau voyage en Chine en 2007 pour participer à une grande exposition de thé dans la province du Fujian que nous avons eu l’occasion de faire connaissance. Katrin m’avait alors expliqué son parcours peu ordinaire qui l’avait d’abord amenée sur les bancs de l’INALCO pour étudier le chinois.
Au terme de ses études et obligée de choisir une matière pour son mémoire elle s’était laissée guider par son professeur de géographie dont l’enseignement l’avait émerveillée pour prendre comme sujet «les thés en Chine».
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visite d'usine dans le Fujian |
Ayant obtenu une bourse d’études à la faculté de Nankin elle est restée en Orient de 1982 à 1984. Rappelons-nous que la révolution culturelle s’est terminée en 1976 avec la mort de Mao Zedong et qu’à l’époque la Chine ne s’était pas encore ouverte aux étrangers, tout était sous contrôle plus ou moins répressif, il n’y avait pas beaucoup à manger, pas beaucoup de chauffage, il fallait de l’enthousiasme et de la fascination pour ce pays aux traditions millénaires pour y rester autant de temps. Lors de récentes conférences que Katrin a donné à L’IESA nous avons pu voir des photos qu’elle avait prises à cette époque, des paysages, des champs, des échoppes, des paysans dans leurs maisons et dans les champs, une grande partie de ces vues n’existe plus aujourd’hui car l’ouverture et le progrès ont transformé les gens et les paysages presque partout. | |
Il y a trente ans voyager en Chine ne coûtait pas cher, il fallait avoir du temps et les étudiants en avaient ! Afin de rédiger son mémoire Katrin avait donc méthodiquement exploré les régions où l’on cultivait du thé, en se renseignant sur les méthodes et les processus de manufacture. Déjà difficiles d’accès et souvent tenus secrets ces savoir-faire ancestraux sont d’un domaine peu connu en France, voire en Europe, elle a donc aussi élaboré une sorte de glossaire et une terminologie permettant de transcrire ces informations. C’est notamment la classification des thés chinois selon soit la couleur dans la tasse soit l’aspect des feuilles manufacturées, et qui n’était pas encore très connue en France, qu’elle commente et explique en détail dans son mémoire d’études.
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en charge de la Maison de Thé G.Cannon |
A son retour toutes ces expériences précieuses ont été une sorte de tremplin pour une vraie carrière dans le thé. Elle débute au sein de «La maison de la Chine» à Paris où elle fait partie de l’équipe qui monte la maison de thé que Katrin gère ensuite pendant quelques années. C’est lors d’un des forums régulièrement proposés par La maison de la Chine qu’elle fait la connaissance de FX. Delmas, créateur du Palais des Thés où elle se fournit en grande partie. Cette nouvelle relation professionnelle très fortement axée sur le thé entraîne son départ de la Maison de la Chine pour rejoindre le Palais des Thés où elle passe trois ans, de 1997 à 1999. Spécialisée dans la découverte des thés fins d’origine, l’équipe dirigeante du Palais des Thés s’était à l’époque rapidement rendu compte que des thés de grande qualité, donc chers et rares se devaient de trouver un public d’amateurs avertis ! De là à entreprendre la mise au point d’un concept éducatif grand public, voire créer une «école de thé» il n’y avait qu’un pas et ainsi «l’école de thé du Palais des Thés» est née en 1998. Par la suite Katrin remet le flambeau à Lydia Gautier qui poursuit l’élaboration du programme et de ses multiples modules. C’est donc en 1999 que La Maison de la Chine s’installe dans ses nouveaux quartiers en face de l’église St.Sulpice à Paris et que sa patronne, Patricia Tartour, demande à Katrin de revenir pour animer à nouveau la «maison de thé» et participer à la création de la «Boutique Chine» ; elle doit donc s’occuper non seulement de l’approvisionnement en thés mais aussi en objets chinés sur place en Chine pour la boutique. Cela lui permet de faire à nouveau de très nombreux déplacements dans toutes les provinces et d’assister ainsi à la réouverture de la Chine et sa transformation progressive spectaculaire.
| Très impliquée à mettre en route toute une série de projets, Katrin continue de se focaliser sur le thé et les plantes traditionnellement bénéfiques pour la santé selon la pharmacopée chinoise tout en explorant par ailleurs photo, design et peintures de jeunes artistes chinois qu’elle souhaite introduire sur le marché français et européen. Pour garder un pied dans la profession elle assiste maintenant Olivier Scala dans sa nouvelle maison de thé qui a ouvert ses portes au public en avril 2009 au 12 rue Notre Dame des Champs dans le 6e arrondissement de Paris, cela après une longue période de mise au point à laquelle Katrin a activement participé. | |
Pendant cette période, elle a fondé CHINART, qui est né officiellement en janvier 2005 de sa passion pour la Chine ; y sont proposés des objets de décoration, des coups de cœur, des idées cadeaux et de mode créés par de jeunes artistes chinois et édités en petites séries.
| Ce concept tout à fait original du «made by Chinese - artists !» est à l’opposé du « made in China », production de masse et bon marché. Entièrement tourné vers l’art contemporain et le design chinois elle va régulièrement à la rencontre de ces jeunes artistes, souvent rencontrés lors de ces précédents voyages dans les mégapoles de Hong Kong, Shanghai ou Beijing pour les enrôler maintenant dans ses propres projets. | |
Et le 9 décembre 2010 il y a eu le premier vernissage dans sa nouvelle Galerie, également dans le 6e arrondissement de Paris, intitulé «Les boîtes de la double fortune» et exposant des œuvres du photographe Clément Ledermann, son partenaire dans la vie et pour l’art. Quelle joie pour Katrin et quel merveilleux accomplissement d’un désir de réalisation très ancien.
Son fils de 16 ans s’étonne parfois entendre sa mère dire qu’elle a trois vies : le thé, Chinart avec ses artistes et sa galerie et sa famille ; toutefois très certainement les lecteurs comprendront !