Visites d'un arbre théier millenaire et d'autres théiers arbustes séculaires comme nous admirons les très anciens oliviers, ifs et chênes en Europe. |
Par chance j’ai pu en voir quelques uns dans le Fujian et le Yunnan. Quel plaisir de pouvoir raconter ces souvenirs.
Le Fujian fait partie de l’empire chinois depuis l’unification sous les Quin en 200 avant notre ère. Le commerce maritime en faisait un des centres du monde chinois. La ville portuaire de Quanzhou était une escale principale de la route de la soie. Les annales disent que sous la dynastie des Song cette ville abritait des dizaines de milliers marchands arabes et voyageurs étrangers. C’est la restriction du commerce et le repli de l’empire sur lui-même décrétés au début du 15e siècle par les Ming qui amorça le déclin économique de cette région et l’exode d’un grand nombre de Fujianais vers l’Asie du Sud Est. Les liens qui existent encore aujourd’hui entre les chinois de Taiwan, de Singapore, des Philippines et d’ailleurs avec leur province d’origine lui procurent de nombreux investissements et leur présence dans le domaine du thé est aussi très forte.
Le Fujian est en fait la plus grande province productrice de thés parmi les 20 provinces de Chine. Sa production représente environ 20% de la récolte totale annuelle. Les thés typiques du terroir du Fujian sont les thés Oolong. Les centres de production se situent pour l’un en plaine autour d’Anxi et pour l’autre dans la région des rivières, falaises et forêts des montagnes de Wuyi au nord-est de la province.
Une première conférence internationale sur le thé avait été organisée à Anxi en décembre 2002 avec le concours de l’UNDP (United Nations Developpement Programme). C’était une vraie ouverture et une vraie fête. De nombreux habitants d’Anxi voyaient alors leurs premiers «long nez à peau blanche». Imaginez, cet événement a eu lieu il y a 8 ans seulement et depuis la Chine a pratiquement doublé sa production de thé ! |
A 500 km au nord-est, dans les rochers du Wuyi Shan, poussent des théiers sauvages qui donnent aussi des Oolong dont, entre autres, les célèbres thés Da hong Pao et Ruo Gui. Là aussi j’ai pu voir les «théiers ancêtres» âgés de 300 ans, plantés dans une niche rocheuse et cueillis avec cérémonie une fois par an. |
Dans le Yunnan il y a donc d’abord les vieux arbres sauvages que l’on continue à cueillir et qui ont parfois une centaine d’années et qui donnent des thés de pu’er sauvage très recherchés.
Et puis il y a les vrais ancêtres qui sont des arbres gigantesques, dont l’âge a été scientifiquement daté à environ 3 000 ans pour les plus anciens.
Juste quelques-uns sont répertoriés comme des «monuments» sur les cartes touristiques locales et celui que j’ai vu se trouve à environ trois heures de route de l’aéroport de Lincang, dans la municipalité de Fengqing. De là nous avons pris la route par un très périlleux trajet longeant les cultures en terrasses, de vallée en vallée, aux innombrables virages en épingle à cheveux et quasiment à une seule voie. Une vingtaine de voitures apportant là toutes les personnes importantes du comté et les patrons de l’entreprise DianHong, appartenant à l’état et leader des thés noirs CTC de Chine. Après une petite matinée en voiture nous avons encore grimpé un peu à pied.
De loin on entendait les chants et instruments des minorités, assemblées pour la célébration. Que des costumes de couleur, de broderies et de bijoux. Le chemin passait le long de plantations de thés et on nous en proposait du «fait main» dans des sacs en plastique. Enfin l’arbre ancêtre est en vu, bien à l’abri derrière un mur d’enceinte. Deux heures de discours sous un soleil brûlant de fin avril. Les chefs des Wa et des Miao se sont ensuite approchés en dansant avec leurs sacrifices, deux coques et une tête de cochon, mais également avec des torches de cérémonie que l’on brûle sur l’autel disposé devant.
Après c’était notre tour, les gens de la ville et venus de loin, de tourner autour de l’autel en priant.
Seulement une fois tout le rituel accompli nous avons pu en tout petit comité nous approcher de l’arbre vénéré, le toucher et le regarder de prés !
La date de cette cérémonie est calculée chaque année après la pleine lune d’avril et c’est une chance extraordinaire d’avoir pu être sur place au bon moment.